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17 nouveaux témoignages contre l’abbé Pierre, la Fondation change de nom

Publié le 31/08/2024

17 nouveaux témoignages mettent en cause l’abbé Pierre, notamment pour des agressions sexuelles sur jeunes filles mineures. Des actes qui auraient été commis entre les années 1950 et 2000. La Fondation Abbé Pierre annonce avoir initié les démarches pour changer de nom.

17 nouveaux témoignages mettent en cause l’abbé Pierre, notamment pour des agressions sexuelles sur des jeunes filles mineures. Des actes qui auraient été commis entre les années 1950 et 2000. 
 
Ces nouvelles accusations s’ajoutent aux sept déjà connues et rendues publiques en juillet dernier par le rapport d’enquête du cabinet Egaé. Ce cabinet avait été missionné par la Fondation en février, après la réception d’un témoignage.  
 
La Fondation Abbé Pierre a annoncé ce vendredi sa décision de changer de nom. De son côté, Emmaüs France souhaite retirer la mention « fondateur abbé Pierre ».  
Le lieu de mémoire qui lui est dédié à Esteville en Seine-Maritime (76) va également fermer définitivement.  

 

La Conférence des évêques de France se met à la disposition de la commission

Dans un communiqué, la Conférence des évêques de France (CEF) a tenu à dire son « effroi » et sa « profonde compassion » envers les victimes. 

Suite à la mise en place d’une Commission d’expertes et experts indépendants, la CEF garantie « son entière coopération dans les travaux [que la commission] va engager ». Et elle « encourage les instances responsables des archives de l’Église à répondre favorablement aux demandes de consultation que présentera cette Commission ».

Un dispositif d'écoute a été mis en place cet été : emmaus@groupe-egae.fr / 01 89 96 01 53. Ce dispositif restera ouvert jusqu’au 31 décembre 2024. 

Article publié le 17 juillet

Dans un rapport publié ce 17 juillet 2024, Emmaüs International, Emmaüs France et la Fondation Abbé-Pierre révèlent que sept femmes ont témoigné d’agressions sexuelles ou de harcèlement sexuel commis par l’abbé Pierre. Des faits rapportés concernant une période de 30 ans, de la fin des années 1970 à 2005, et qui concernent des salariées, des volontaires et bénévoles des organisations, ou des jeunes femmes dans l’entourage personnel de l’abbé Pierre. L’une d’entre elles était mineure au moment des premiers faits. 

« Ces révélations bouleversent nos structures, au sein desquelles la figure de l'abbé Pierre occupe une place majeure », écrivent les trois organismes dans un communiqué commun, accompagnant la publication du rapport d'enquête.

Ce que dit le rapport

Il y a un an, Emmaüs France a été destinataire d’un témoignage d'une agression sexuelle commise par l'abbé Pierre sur une femme. Les trois organismes qui ont pour mission de poursuivre l'oeuvre de cette figure française de la charité, ont opté pour un travail externalisé. Le 9 février dernier, ils ont confié un travail d'écoute au cabinet Egaé, dirigé par Caroline De Haas, figure féministe engagée dans la lutte contre les violences sexistes et sexuelles dans les entreprises et les institutions. La mission consistait à les accompagner « dans la conduite d’une enquête concernant des potentiels faits de violences qui auraient été commis par l’abbé Pierre ».

Entre le 10 avril et le 5 juin 2024, 12 personnes ont été entendues par Egaé, dont la personne à l’origine du premier témoignage. Au vu des éléments remontés à cette date, le groupe Egaé considère qu’ « il existe sans doute d’autres victimes qui n’ont pas encore été identifiées par le Mouvement ».

Dans le détail, le rapport indique que sept personnes ont été identifiées comme ayant subi des violences de la part l’abbé Pierre, au moins cinq personnes supplémentaires ont été identifiées comme ayant pu subir des faits de violences, sans qu’il ne soit à ce stade possible de les entendre, et plusieurs personnes étaient informées que l’abbé Pierre avait un comportement inadapté envers les femmes, sans forcément prendre conscience de la réalité des violences commises. Parmi les victimes identifiées, une d’entre elles déclare qu’elle était mineure au moment des premiers faits (16 à 17 ans).

Les faits identifiés dans le rapport sont les suivants : « comportements inadaptés d’ordre personnel, une proposition sexuelle, propos répétés à connotation sexuelle, tentatives de contacts physiques non sollicités, et contacts non sollicités sur les seins ». Le rapport ajoute qu' « une des personnes entendues fait état de difficultés psychologiques qui ont duré toute sa vie ».

 

Appel à témoignage

A la suite à ces révélations, Emmaüs met en place un dispositif de recueil de témoignages. Les personnes ayant été la cible ou témoin de comportements qu’elles ont identifiés comme inappropriés, de comportements qui les ont choqué ou de comportements violents de la part de l’abbé Pierre, peuvent envoyer un courriel à emmaus@groupe-egae.fr ou laisser un message au 01 89 96 01 53. Les messages seront lus par le groupe Egaé, structure experte de la prévention des violences. La démarche est strictement confidentielle.

La réaction d’Emmaüs

Dans un communiqué, le Mouvement Emmaüs assure de son soutien les victimes présumées de l’abbé Pierre : « Nos organisations saluent le courage des personnes qui ont témoigné et permis, par leur parole, de mettre au jour ces réalités. Nous les croyons, nous savons que ces actes intolérables ont laissé des traces et nous nous tenons à leurs côtés. » Avant d’ajouter : « Le Mouvement Emmaüs combat toutes formes de violences et entend dénoncer les actes inacceptables commis par une personne qui a joué un grand rôle dans son histoire. Nous le devons aux victimes. Nous le devons aussi à toutes celles et ceux qui, depuis plus de 70 ans, portent au quotidien les actions du Mouvement. Nous partageons leur peine et leur colère, mais également leur détermination à continuer d’œuvrer, chaque jour, pour construire un monde plus juste et plus solidaire. »

La CEF exprime sa « compassion » et sa « honte »

La Conférence des évêques de France (CEF) assure les personnes victimes de « sa profonde compassion et de sa honte que de tels faits puissent être commis par un prêtre ». Dans un communiqué publié ce 17 juillet, les évêques rappellent que l’abbé Pierre a eu en France et dans le monde, « un impact remarquable » mais « sa position ne saurait dispenser du travail de vérité nécessaire, que vient de réaliser Emmaüs avec clarté et courage ». « La CEF redit sa détermination à se mobiliser pour faire de l’Eglise une maison sûre », conclut le communiqué.